François Julien Le Batteux
(Alain Flouriot, un contributeur de Généanet a réuni à son sujet une documentation importante que j’ai largement utilisée)
François Julien Le Batteux est né le 19 janvier 1766 au Mans, dans la paroisse du Crucifix, d’un père cordonnier et d’une mère nommée Le Bastard, fille de vigneron. Il aurait eu un frère et une sœurs aînés. Ont-ils vécu au Mans ? C’est probable mais on connaît peu de choses sur cette famille, y compris l’endroit où sont décédés les parents.
En 1790, on retrouve François Le Batteux cuisinier à l’abbaye Saint-Sauveur de Redon, chez les bénédictins. Il a 24 ans et s’enthousiasme, et probablement à l’excès, pour la Révolution puisque le supérieur de la communauté religieuse où il travaille, Dom Jausions, l’accuse formellement d’avoir allumé un incendie (le deuxième) qui a détruit une partie de l’établissement le 14 février 1790.
Il se marie deux mois plus tard, le 13 avril 1790 avec Jeanne Françoise Simon, 26 ans, la fille d’une aubergiste de Redon. Il est possible qu’il soit encore domicilié à Vannes puisque les bans, pour ce qui le concerne, sont publiés également dans cette paroisse. Peut-être a-t-il été de ville en ville pour apprendre puis exercer son métier de cuisinier avant de se fixer à Redon.
Réputé instruit, débrouillard, volontaire, avec une certaine éloquence, il aide probablement à l’auberge de sa belle-mère, Anne Angers, 2 fois veuve (1) et prend des responsabilités au sein du nouveau pouvoir révolutionnaire.
Il entre fin 1790 au comité du district de Redon et devient directeur des Postes, emploi stratégique puisqu’il lui permet de contrôler le courrier.
Signe de son influence, fin novembre 1792 Le Batteux est élu au bureau de l’assemblée chargée du renouvellement des administrations et nommé scrutateur pour vérifier le respect des procédures. Dans la foulée, il est élu au Conseil du district au premier tour de scrutin et confirmé à l’unanimité directeur des Postes. Les élections indirectes toutefois, ne réunirent, selon les sessions, que de 38 à 46 électeurs, pour une population de 7 800 habitants.
En mars 1793, des troubles éclatent partout en France après la levée des 300 000 hommes. Un curé constitutionnel et 3 gendarmes sont tués à Redon. La campagne, tout particulièrement dans l’Ouest, se soulève.
Les représentants de la Convention nationale, Joseph Sevestre et Jacques Nicolas Billaud-Varenne, lors de leur passage à Redon le 28 mars, réorganisent l’administration locale jugée trop modérée. Le Batteux et deux de ses collègues, sont chargés des ouvrages publics, de la navigation intérieure et des affaires militaires. Il fait également partie du jury d’accusation chargé de statuer sur le sort des prisonniers.
Le 4 avril 1793, à la tête d’une force armée, il est missionné avec 2 autres « patriotes » pour rétablir l’ordre révolutionnaire à Avessac, Fégréac, Saint Jean des Marais, avec succès sans doute, puisque son ascension politique s’accélère.
Le 11 mai, il est élu -par 22 inscrits et sous le sceau du secret- au Comité de sûreté général de Redon, composé de 5 membres, renouvelable pour 2 d’entre eux tous les mois. Désigné sortant au premier renouvellement, il est réélu le 19 juin.
Le 30 septembre 1793 il est officiellement nommé lieutenant de la compagnie des grenadiers de la garde nationale de Redon.
Le 8 octobre, nouvelle promotion, importante, puisqu’il est choisi par ses collègues, et à l’unanimité, pour être président du Comité de surveillance de Redon, véritable exécutif de la commune et du district, créé par un arrêté des conventionnels Jean Baptiste Carrier et Pierre (Pomponne Amédée) Pocholle.
Devenu incontournable, ambitieux et dévoué, c’est sans doute à cette période qu’il fait véritablement la connaissance de Carrier, envoyé comme représentant en mission dans les départements de l’Ouest de la mi-août à fin septembre 1793, avant son départ pour Nantes.
On peut supposer que les 2 hommes sympathisent puisque le représentant le nomme commissaire au 5 eme bataillon de l’armée du Rhin.
Les révolutionnaires se méfient de l’armée qui a subi d’importantes défaites depuis mars 1793 et désignent auprès d’eux des civils chargés d’imposer les décisions de la Convention nationale ou du Comité de salut public.
Cumulant plusieurs titres, civils et militaires, Le Batteux peut parcourir les rives de la Vilaine avec sa colonne mobile et suivre les déplacements de l’armée catholique et royale.
Plus de 60 000 personnes (peut-être 100) combattantes ou non, ont traversé la Loire le 17 octobre espérant conquérir un port sur les côtes bretonnes ou normandes pour accueillir une armée d’émigrés.
Après leur échec à Granville mi-novembre, les insurgés reviennent sur leurs pas à travers la Bretagne, cherchant à regagner la Vendée.
Redon étant un point de passage stratégique, Le Batteux informe Carrier, avec d’autres éclaireurs, du trajet suivi par le convoi long de plus d’une dizaine de km.
Le 22 novembre, alors que la menace des royalistes se précise, le directoire de Redon adresse à Carrier une longue pétition, se concluant par la décision : « 1- que le citoyen Le Batteux, membre du District et président du Comité de surveillance de Redon, partira sur le champ pour instruire le brave et intrépide Carrier, et lui peindre leur position et celle des Districts environnants; 2- Que le même commissaire prendra auprès du représentant sus nommé toutes les mesures et tous les moyens propres à mettre les républicains de Rochefort, de Redon et autres lieux environnants, en état de se battre et de périr glorieusement et utilement pour leur patrie; 3- Qu'il accéléra sa marche et ne quittera le représentant qu'au moment où il aura obtenu les secours qu'il demande, le chargeant surtout de représenter les lettres et de développer les motifs de la présente pétition. » (cité par L. Dubreuil – Annales de Bretagne 1906 p 121)
Les deux hommes se rencontrent a priori dans un climat de confiance. Le 24 novembre Carrier prend un arrêté autorisant Le Batteux et le général Avril, commandant des troupes républicaines sur place, à parcourir toutes les communes du Morbihan et du Finistère pour y exercer les pouvoirs révolutionnaires « défendant à tous corps administratifs de mettre la moindre entrave aux opérations que ces deux agents pourraient prendre et concerter ». (cité par A. Llalliié – J.B. Carrier p 190)
Carrier a transgressé une règle de fonctionnement qui sera une des causes de sa perte. En effet, s’il a les pleins pouvoirs, y compris celui de déposer et de remplacer toute autorité administrative et militaire, dans les missions qui lui sont confiées, d’autres représentants de la Convention, dotés des mêmes pouvoirs d’exception, seul ou à plusieurs, sont affectés aux armées ou dans les départements voisins. Les responsabilités, parfois, se chevauchent et les représentants doivent alors s’accorder sur une action commune. Ainsi il aurait dû s’entendre avec Bernard Thomas Tréhouart affecté dans le Morbihan et le Finistère depuis le 25 août 1793.
Mais, pour le moment, face au danger royaliste et dans la surenchère révolutionnaire, l’initiative et le rapport de force restent à l’avantage de l’irascible représentant et Le Batteux, par cet arrêté, voit ses exactions, passées et à venir, justifiées.
Durant cette période, en effet, d’octobre 1793 à mars 1794, il a écumé la région, sans souci des limites de son district, levé à son profit des « contributions », fait brûler une vingtaine de chapelles, briser des croix et des calvaires, des statues, profaner des autels. Pire, il a procédé lui-même à des exécutions sommaires (à Caro, Bodel, Ambon, Muzillac).
Sa colonne sème également la terreur à Rieux, Béganne, Péaule, Questembert.
Le 1er décembre 1793 - le fait sera cité au procès de Carrier- à Noyal-Muzillac il fait fusiller 8 personnes dont 2 (comble de l’injustice) avaient des certificats de civisme.
Toutefois, certains révolutionnaires cherchent à limiter ses débordements par souci de la légalité républicaine.
Le 11 décembre 1793, avec l’adjudant-général Avril, Le Batteux se trouve à Vannes. Avec arrogance, entouré de soldats, il veut faire reconnaître par le département les pouvoirs que Carrier lui a donnés, réclame des listes de suspects, et souhaite en faire fusiller sept. Lorsqu’on lui fait remarquer que les armées dites « révolutionnaires » (qui n’obéissent pas au pouvoir central) doivent être dissoutes, selon l’arrêté récent du 4 décembre, il fustige le modérantisme, gifle l’officier de santé porteur de l’arrêté, et le met en prison « chargé de fers ». Le lendemain, il fait fusiller 8 prisonniers, mais, lâché par Avril, quitte prudemment la ville.
Bernard Tréhouart, représentant en mission au Morbihan, alerté par le département et probablement avec le soutien du jeune Marc Antoine Jullien, un proche de Robespierre, alors en tournée d’inspection, le fait incarcérer le 24 décembre 1793.
Carrier vole le jour même à son secours, prend un arrêté pour le faire libérer, et envoie un courrier impératif d’exécution au procureur-syndic du district de Redon ainsi qu’au général divisionnaire Tribout.
Carrier interdit à quiconque d’obéir à Tréhouart qu’il va dénoncer au Comité de salut public et à la Convention « ayant on ne peut plus mal rempli la mission qui lui a été déléguée […] partisan de tous les fédéralistes, royalistes, modérés et contre-révolutionnaires … ». Il se porte garant de Le Batteux, ordonne à Tribout de le conduire auprès de lui à Nantes, sous escorte, aux chefs militaires, aux administrations et « à tous les citoyens d’exécuter et de faire exécuter le présent arrêté à peine […] d’être regardés comme persécuteurs des républicains, partisans des contre-révolutionnaires et traîtres à la République ». (AD 85 – AN AD XVIII C 251-4)
Cette intervention, contre l’un de ses collègues, pèsera lourd à son procès. Tréhouart, par précaution et pour dénoncer son comportement écrira dès le 26 décembre au Comité de salut public... sans avoir de réponse.
Libéré immédiatement, Le Batteux n’en est pas pour autant quitte avec l’opposition de ses concitoyens. Alors qu’il s’est logé avec sa famille au couvent du Calvaire des sœurs Bénédictines, on essaye de l’assassiner fin décembre.
Son protecteur, Carrier, prend un nouvel arrêté le 8 janvier où il rend personnellement responsables tous les citoyens de la Ville si l’on touche à lui.
Le Batteux le remercie par courrier le 10 janvier : « Ça va ! mon digne représentant, ça va presque aussi crânement qu'à Nantes. Je fais rôtir les aristocrates, et toi tu les noies. Je suis donc plus chaud que toi. Avril est un excellent sans-culotte ; mais ton collègue Tréhouart voudrait un peu s'opposer à mes justices nationales. Ce crapaud du Marais ne m'intimide guère. Je sais que nous sommes appuyés et encouragés par le Comité de salut public. Il faut donc régénérer l'espèce humaine en épuisant le vieux sang. Tuons toujours, il en restera encore assez de préjugés et de sottises dans cette Bretagne infectée de la lèpre papalo-monarchique ».(cité par Crétineau-Joly – Histoire de la Vendée militaire – vol 2 p 82)
Encore délégué de Carrier, Le Batteux selon Mancel, ancien administrateur du Morbihan, « donna carte blanche aux gendarmes de Malestroit, pour conduire devant lui tous ceux qu’ils croiraient suspects. Guéraut et Lacroix furent arrêtés par eux et fusillés ; sans connaître les motifs de leur arrestation, sans interrogatoire, sans jugement, et sans qu’on ait demandé au district de Ploërmel des renseignements sur leur compte. » (Archives parlementaires tome CII, pp 49-52)
Le vent toutefois commence à tourner. Les jacobins, avec Robespierre, ont pris l’ascendant et jouent le rôle d’arbitre entre les enragés et les modérés. L’armée catholique et royale a été exterminée fin décembre, les colonnes infernales mettent à feu et à sang la Vendée militaire où seul Charrette leur résiste, et les armées républicaines ont l’initiative aux frontières. C’est une période de centralisation accrue et d’organisation du pouvoir révolutionnaire.
Carrier, lui, retourne sagement à la Convention nationale le 16 février 1794 pour poursuivre sa mission de représentant du peuple.
Signe des temps, un mois plus tard, le nom de Le Batteux n’apparaît plus au Comité de surveillance de Redon, il prétend même, le 5 avril 1794, faire l’objet de menaces de mort écrites, qu’il produit au Comité révolutionnaire (de surveillance). Il y a enquête, mais, trop en vue, déjà écarté du pouvoir, il devient suspect, encore proche des ultras (dont les leaders sont guillotinés fin mars à Paris) et le 30 avril le Comité l’interroge sur « des propos trop révolutionnaires tenus dans le sein de la Société populaire. » La procédure, apparemment, n’aboutit pas.
Il essaie sans doute de se faire oublier quelques mois, gérant l’auberge « La tête noire » avec sa femme dont la mère, Anne est décédée fin mai.
Toutefois, après la chute de Robespierre, fin juillet, c’est le grand déballage et les règlements de comptes débutent sous la pression d’une presse redevenue presque libre et d’une opinion publique qui exige des coupables.
Même le directoire du district de Redon y va de son courrier de complaisance à la Convention nationale le 12 août 1794 (extrait) : « …Législateurs, la patrie est encore une fois sauvée ; Catilina, Robespierre n'est plus... Brutus français, vous avez démasqué le monstre ; sa tête a payé ses crimes et la Liberté triomphe. Mais l'horreur et l'exécration publiques poursuivront jusque dans le tombeau ce contre-révolutionnaire si profondément hypocrite… » etc… etc. (cité par L. Dubreuil – Annales de Bretagne – 1906 p 133)
Les crimes commis au nom de la République (et des droits de l’Homme...) arrivent devant la juridiction révolutionnaire.
A Paris, le procès des membres du Comité révolutionnaire de Nantes débute le 17 octobre 1794. La plupart sont poursuivis moins pour leurs forfaits que pour leur arbitraire et leur vénalité. Chacun essaye de se disculper et, au fil des auditions, certains acteurs locaux de la Terreur, de témoins, deviennent inculpés.
Le 19 octobre 1794, sur l'ordre du représentant chargé de l’épuration, Jean François Boursault -dit Malherbe- (ancien acteur et auteur, ami de Collot d’Herbois), Le Batteux est arrêté. Mais on le garde si mal que le jour suivant on le voit se promener dans les rues de Redon avec les gardes nationaux chargés de sa surveillance. Dans sa cellule, le soir, il accueille amis et « patriotes » pour des réunions « jacobines ».
Sur ordre de Boursault, il est alors transféré sous bonne garde à Rennes le 29 octobre, accompagné du commissaire auprès de l’accusateur public, un certain Hainaut.
Son dossier pénal, qui compte déjà 64 pièces continue à s’alourdir avec les plaintes du Comité révolutionnaire de Roche-Sauveur (la Roche Bernard) le 28 octobre, de la commune de Malestroit le 30, et celle de Noyal-Muzillac le 11 novembre.
En outre, une accusation de corruption est transmise le 15 novembre, par le Comité révolutionnaire de Ploërmel, à celui de Redon. Le Batteux aurait touché 200 louis d’or (une somme importante pour l’époque) du (ci-devant) marquis de Kerouant (Querhoent ?).
Sa femme, depuis le début de sa mise en cause, se dévoue pour lui. Elle a essayé de réunir des certificats et des témoignages pour justifier sa conduite, a fait rédiger une pétition en sa faveur, mais le Comité de surveillance de Redon suit la nouvelle ligne politique thermidorienne et la fait arrêter quelques jours. Mieux, le 13 décembre le Comité fait parvenir 12 pièces supplémentaires au Tribunal révolutionnaire de Paris, le seul qui centralise tous les délits criminels politiques où Le Batteux a été conduit le 8 décembre.
Cité comme témoin le même jour (13 décembre) au procès de Carrier et des membres du Comité révolutionnaire de Nantes, il n’est pas inculpé, contrairement à d’autres, qui de témoins, deviennent accusés au fil des auditions.
Trois jours plus tard, seuls 3 accusés (Carrier, Pinard et Grandmaison) sur trente-trois, sont condamnés à mort et exécutés.
Suite au scandale provoqué par ces acquittements, le Comité de législation ordonne leur renvoi devant le tribunal d’Angers le 17 mai 1795.
Le Batteux est incarcéré de nouveau, le 26 août 1794, à la maison de Justice de Rennes pour y être jugé en appel, les documents justifiant sa mise en cause devant suivre.
Opportunément, l’amnistie générale du 26 octobre 1795 votée par la Convention nationale sauve bon nombre de révolutionnaires, et liquide le passif de la Révolution. Son article 3 précise : « la Convention abolit, à compter de ce jour, tout décret d’accusation, tout mandat d’arrêt mis ou non à exécution, toutes procédures, poursuites et jugements portant sur des faits purement relatifs à Révolution ».
Le 9 décembre, Le Batteux écrit au Ministre de la Justice pour en bénéficier. La réponse tarde à venir, mais, à l’ouverture de son procès le 21 décembre, l’accusateur public du Tribunal criminel d’Ille et Vilaine constate l’absence des pièces à charge qui devaient lui parvenir.
Il obtient donc sa libération définitive par un jugement rendu le 20 février 1796.
François Julien Le Batteux ne profitera de sa liberté que peu de temps. Il meurt le 7 décembre 1800 à Redon. Il a 34 ans.
Il aurait rendu son âme à Dieu auprès de l’abbé Grégoire Orain un prêtre réfractaire de Fégréac, vénéré par la population (et même par certains républicains).
Dans son ouvrage, « Vie de M. Orain », l’abbé Cahour, membre de la Société française d’archéologie, rapporte que l’épouse de Le Batteux fit faire leur première communion à leurs deux filles aînées en cachette, et que le terrible commissaire, le sachant, leur donna 2 pièces de 6 francs. Un autre jour, gravement malade, madame Le Batteux lui demanda de venir à son chevet. Le saint homme, malgré le danger mortel, accepta. Le Batteux, informé, alla trouver sa femme et lui dit : « Je connais tes rapports avec le calotin Orain, ne crains rien ni pour toi ni pour lui, je ne puis lui refuser mon admiration ».
Mort ou non en paix avec la religion, François Le Batteux laissa une veuve et 5 filles (l’une était morte en bas-âge en 1794). Quatre se marièrent, l’aînée avec René Valentin, tanneur, une cadette avec un maître au cabotage de Saint Malo, Pierre Lavergne, qui fut également capitaine corsaire, une troisième avec un marchand de drap et la plus jeune avec François Dutemple, capitaine au long cours.
Son épouse, née Simon, décéda en 1839, citée comme « propriétaire », à l’âge de 74 ans.
(1) Née en 1744, Anne Angers a été mariée une première fois très jeune (elle a 16 ans lui 27) en avril 1760 à Redon avec Pierre Simon, originaire de Pipriac. Le couple tient une auberge « la Tête noire » rue des États (aujourd’hui « la Bogue ») mais Pierre Simon décède 10 ans plus tard, en 1770. Anne Angers, jeune veuve avec 2 petites filles (Jeanne a 6 ans, Mathurine quelques mois) a sans doute des difficultés à tenir seule son auberge. Elle se remarie en 1772 avec Étienne Chouin, dit Le Maistre, ancien fourrier au régiment d’Artois, un parisien qui a déjà 44 ans. Malheureusement, Étienne Chouin, décède 6 ans après, en 1778, cité alors comme aubergiste de la « Tête noire ».
Quand François Le Batteux épouse Jeanne, sa fille aînée, Anne Angers est donc -a priori- seule depuis 12 ans pour tenir l’auberge. Dynamique, entreprenant, cuisinier de métier, François Le Batteux, après son départ (renvoi ?) de l’abbaye, a donc probablement aidé à l’auberge familiale, d’où son signalement comme « aubergiste » par la plupart des historiens. Dernier point, son épouse Jeanne Simon, instruite elle aussi, semble avoir eu également du caractère, considérant ses efforts pour défendre son mari et la tenue -probable- de l’auberge après le décès de sa mère en mai 1794 pendant plus de 40 ans.
Sources principales :
- Vie de M. Orain, prêtre confesseur de la foi pendant la révolution, par M. l’abbé Cahour, 1860
- Les annales de Bretagne –années 1904/1905/1906 - Léon Dubreuil - District de Redon
- FA Aulard - Recueil des actes du Comité de salut public… t 9
- Archives parlementaires t XC / t CII
- Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne 1953
- A. Lallié – Jean Baptiste Carrier
- Alain Flouriot, Généanet