mardi 7 octobre 2025

Les interventions de Jean Baptiste Carrier aux Jacobins entre février et octobre 1794

 

Interventions de Jean Baptise Carrier

à la société des amis de la liberté et de l’égalité (Jacobins)

de février à octobre 1794



Source : Journal de la Montagne – BNF
(le plus souvent il s’agit de résumés faits par le journal)

- 21 février (Journal de la Montagne n° 102)
Carrier demande au préalable à subir le scrutin épuratoire. Il est admis et présente son rapport.
Le mal était général en Vendée, seize districts étaient révoltés et sur 160 km tous les habitants armés. (renvoi à l’article Convention pour la tactique des brigands). Les champs sont cultivés et la récolte s’annonce favorable (tant mieux s’écrie l’assemblée) « oui tant mieux car les brigands n’en tâteront pas ». (applaudissements). Dans la « petite Vendée » les chouans étaient des bandits qui se retiraient la nuit dans les montagnes « où un immense rocher leur servait de rempart ». Il n’en reste que quelques uns. Mais il y a encore 20 000 désarmés, qui se cachent et malgré le soin que lui et Turreau ont pris pour incendier les forêts ils n’ont pu en venir à bout. 40 000 hommes peuvent tenir cachés dans une plaine de genêts. « Mais tant en ci-devant nobles, prêtres, femmes et brigands en (on?) leur a tué 100 000 hommes ». Il s’indigne des demandes d’amnistie. Tous les patriotes qui restaient ont été massacrés par les brigands. « Les femmes surtout se sont montrées de la manière la plus barbare […] Il n’est point d’horreur dont elles ne se soient rendues coupables.. ». On a calomnié de braves généraux Léchelle, Ronsin etc... Philippeaux est naïf « Il lui faudrait au moins trois mois de bains ». Il se cachait pendant les combats. Westermann lui a paru très brave, un peu intrigant et non destiné à commander une armée.
La discussion se poursuit sur Westermann entre Collot-d’Herbois et Levasseur.

- 24 février
(JM n° 105)
Suite aux propos en tribune d’un habitant de Nantes, originaire de Neufchâtel en Suisse, il intervient :
Nantes est devenu un foyer de contre révolution qui provoque le désordre en lien avec les brigands de Vendée. A propos de la Suisse, Vielland (Jean Conrad Wieland) commandant de Noirmoutier a livré l’île aux brigands. On a saisi sa correspondance (??). « Quand on a vu que je mettais à Nantes la terreur à l’ordre du jour, plusieurs de ces infâmes conspirateurs se sont disséminés ».
Il met en cause l’habitant de Nantes d’origine suisse, le soupçonne d’espionnage et souhaite le faire conduire au Comité de sûreté générale. En séance, après un interrogatoire de cet intervenant par Collot-d’Herbois, et un discours, il est décidé de l’envoyer au Comité de sûreté générale.

- 27 février (JM n° 108)
Après lecture de courriers dont l’un demande la destruction des chouans et un autre dénonce des scélérats qui pillent, commettent des horreurs, en se disant envoyés par les administrations,
Carrier précise que cette lettre (la dernière) est datée du 7 février, depuis nos troupes ont pris Cholet. Les administrations en Vendée sont composées de véritables brigands et elles viennent maintenant demander des secours ! Pour les chouans, avant son départ on avait tué 1 200 de ces brigands. Ils avaient des souterrains pour se réfugier mais les paysans « quoiqu’assez mauvais » en ont tué un grand nombre. Il n’en reste que quelques uns. Le général Beaufort qui commande la région est un bon patriote et les soldats tous des sans-culottes et des républicains. Quant à la Vendée, il y a 20 000 brigands épars, à peine 4 000 avec Charette, 1 000 avec Stofflet. La Rochejaquelein a été tué. Il (Carrier) n’a pas d’inquiétude, 40 000 hommes sont sur place, ainsi que ses collègues Hentz et Garreau. Le plus difficile à vaincre est Charette. Sa bande se cache partout et nulle part. Mais si on l’oblige à combattre ce sera la fin de la guerre de Vendée.

- 6 mars
(JM n° 116)
Son intervention fait suite à celle de l’avant-veille aux Cordeliers (Le Comte Fleury : Carrier p 191 -192) où il disait, qu’absent depuis longtemps il était effrayé des nouveaux visages aperçus à la Montagne. « On s’apitoie sur le sort de ceux que la justice nationale frappe du glaive de la loi […] Les monstres ! Ils voudraient briser les échafauds […] L’insurrection, une sainte insurrection voilà ce que vous devez opposer aux scélérats ». Aux Jacobins, il essaye de justifier ses propos :
Il se plaint des individus et des journaux perfides qui veulent diviser les Cordeliers et les Jacobins. Aux Cordeliers il voulait dénoncer le modérantisme aperçu dans la Convention. Même ici on a donné trop d’importance à un Philippeaux et il s’y trouve des factieux. « Mais on n’a point parlé de faire des insurrections, excepté dans le cas où on y serait forcé par les circonstances. Si on fait une motion contre la convention je donne ma tête ».
Tallien prend sa défense.

- 14 mars (JM n° 124)
dans une discussion sur la guerre de Vendée avec Tallien et Lachevardière, il intervient brièvement:
il ne faut pas oublier la guerre de Vendée, l’ineptie et la lâcheté des premiers bataillons envoyés ont été les causes des défaites.

- 27 avril (JM n° 3)
suite à une intervention indignée dénonçant des propos défaitistes concernant les Ardennes qui seraient laissées sans défenses, le président (Lebas) intervient pour rappeler qu’un décret interdit d’en parler tant que Levasseur n’aura pas rendu son rapport sur la question.
Cet arrêté est très sage estime Carrier. Ce ne sont pas avec des invectives qu’on répond mais par des raisons et des faits et « que des expressions grossières […] ne doivent jamais sortir de la bouche d’un patriote ». Il demande de ne poursuive aux Jacobins, que le bien public, et que les querelles particulières en soient bannies. Il faut donc attendre le rapport de Levasseur.
Adopté

- 30 avril (JM n° 6)
Carrier (écrit Carrié) et quelques autres conventionnels font part à la société de la conduite intrépide des soldats, l’ardeur des jeunes gens de la première réquisition, et la discipline de tous.

- 8 mai (JM n ° 15)
Il fait observer que peu de monde assiste aux scrutins épuratoires et demande donc un rappel à l’assiduité des membres pour cette importante opération.
(Après discussions, la question est renvoyée au comité de présentation pour synthèse)

- 17 mai (JM n° 24)
suite à l’intervention d’un délégué nantais qui assure que jamais ses concitoyens ne composeront avec l’opprobe (l’oppression?) et la tyrannie Carrier apporte des précisions.
S’il a dit à son retour que Nantes était devenu le quartier général des brigands il n’a jamais voulu inculper les patriotes « mais seulement les négociants avares et contre révolutionnaires ». Lorsque la ville était était aux mains des fédéralistes, les scélérats comme le traître Coustard, guillotiné depuis, s’y réfugiaient. Mais les patriotes ont repoussé des hordes de brigands. En outre le tribunal révolutionnaire va bientôt juger des aristocrates de Nantes, plus de 100 attendent d’y paraître (les 94 notables nantais).
Sur une observation de Legendre concernant le « scélérat Baco, maire, qui a eu l’impudence d’insulter à la convention », Carrier précise :
Baco a eu l’audace de menacer Gillet et Ruelle de l’échafaud. Il l’a donc dénoncé à l‘accusateur public et Baco pourrait bien y monter lui-même

- 10 juin (JM n° 44)
témoigne que l’orateur qui le précède (non nommé) est un ardent patriote et qu’il a lutté contre le fédéralisme dans l’Eure et le Calvados.

- 22 août (JM n° 114)
Lors d’une longue discussion sur la liberté de la presse, il estime que ce droit est sacré « aussi indestructible que celui de penser et de respirer ». Il faut simplement s’occuper de la garantie à accorder aux écrivains.

- 30 août (JM n° 124)
(Lecointre, à la convention a dénoncé 7 conventionnels importants comme complices de Robespierre. Il y a eu vote ).
Carrier monte à la tribune pour annoncer que la Convention a considéré à l’unanimité cette dénonciation comme étant calomnieuse. Cette atroce accusation ne reposait que sur des pièces anonymes et des lettres de Fouquier-Tinville. Elle attaquait la convention, le peuple français. Il dénonce Tallien, complice de Lecointre. Tallien projetait des assassinats et a proposé de libérer « plusieurs chevaliers du poignard » (supposé groupe secret de royalistes). Avec ses discours insidieux il favorisait également un grand mouvement (séditieux) dans Paris. Que Lecointre et Tallien viennent s’expliquer aux Jacobins ou que leur radiation soit prononcée.
Il soutient ensuite une rectification faite par Dubois-Crancé qui est attaqué alors par Duhem comme étant proche de Tallien, Fréron « et un nommé Duplain ».
Carrier recommande la prudence lors des accusations, c’est ainsi que Robespierre a établi sa tyrannie.

- 3 septembre (JM n° 128)
A propos de Tallien, Fréron et Lecointre des Jacobins :
Carrier rappelle que depuis 1789 les ennemis du bien public veulent s’attribuer le mérite de la révolution. Aujourd’hui la faction des fripons et des dilapidateurs veut s’élever sur les ruines de la tyrannie de Robespierre, et tuer la liberté. Il faut que les patriotes l’écrase et la réduise au silence. Depuis le 9 thermidor on demande de punir les actions, pas les personnes. Le « comité autrichien » les girondins, les brissotins auraient donc été impunis ? Les factions sont sournoises comme la peste. Le médecin constate ses effets pas ceux qui la propage.
Il développe ensuite (résumé fait pas la société) « des réflexions sur le système d’oppression envers les patriotes et d’indulgence envers l’aristocratie ». Il dénonce Tallien et Lecointre comme chefs de fils des conspirateurs et Lecointre de faire le procès de la révolution, sans dire un mot des malheurs des défenseurs de la république. Tallien a demandé la justice comme un grand fripon dit qu’il est honnête. L’homme probe et moral se voit dans la pratique, non dans les mots comme le pratiquaient Robespierre et Saint Just. Il faut se souvenir des attentats récents (l’abbaye, la poudrière..). Il faut réfléchir à la libération des ci devants nobles et prêtres. Il existe une conspiration qui la favorise dont Tallien est le chef.
Levasseur souhaite que Tallien s’explique. Celui-ci intervient longuement à la tribune puis Fréron.
Carrier délaisse Fréron et vise plus particulièrement Tallien. Il l’accuse d’avoir demandé l’élargissement des contre révolutionnaires, l’impunité aux nobles et aux prêtres.
La discussion se poursuit. La société décide la radiation de Lecointre, Tallien et Fréron.

- 5 septembre
(JM n° 130)
Carrier est élu parmi les 30 membres composant le comité de présentation.

- 7 septembre (JM n° 132)
à la suite de Duhem qui veut bannir du pays les contre révolutionnaires « pour purger la république de ce ramas impur d’êtres gangrenés », Carrier insiste :
il ne faut pas laisser « au milieu de nous cette engeance destructrice de nobles, de prêtres, de fanatiques » qui ralentit la marche de la révolution. Il existe des décrets que les modérés empêchent d’exécuter. « ...le temps d’une fausse pitié, d’une indulgence coupable est passée ». Il faut faire taire « cet affreux modérantisme qui finirait par nous égorger impitoyablement ». Jamais l’orgueil des nobles ne fléchira sous l’égalité, les esclaves ne veulent pas de l’indépendance, les lâches de la gloire, les sybarites des mœurs des vertueux spartiates. Les prêtres ont armé une grande partie de la France contre la liberté. L’individu qui ne veut pas reconnaître le gouvernement républicain doit cesser à l’instant d’être sous le pacte social. Il appuie donc la proposition de Duhem.
Terrasson surenchérit.
Leblois modère la proposition en demandant que la société prenne la défense des patriotes opprimés et qu’elle invite ses filiales à dénoncer les oppresseurs. Ce qui est adopté.

- 9 septembre (JM n° 134)
Carrier intervient pour les patriotes opprimés. Après la révolution des 9 et 10 thermidor l’aristocratie et le modérantisme ont voulu s’en emparer. Dans les groupes, les spectacles, on cherchait à égarer le peuple. Une nouvelle faction s’est levée à la tête des modérés, des dilapideurs. Le club électoral est venu à la convention « apporter la pétition la plus contre révolutionnaire, demander des élections populaires, la destruction du gouvernement révolutionnaire et la liberté indéfinie de la presse qui ne peut favoriser que l’aristocratie ». Il propose ensuite de se rendre en masse à la Convention pour lui présenter cette adresse.
Billaud propose plutôt une délégation. Adopté. Un texte sera rédigé.

- 10 septembre (JM n° 135)
Il prend la parole pour ajouter au débat en cours « quelques vérités qu’il est essentiel que toute la France connaisse ». On accuse les jacobins d’être les continuateurs de Robespierre, or tous les membres de la société ont été épurés, et chacun a un certificat prouvant « qu’il était à son poste dans la nuit du 9 au 10 thermidor ». Tous les citoyens détestent le régime affreux de Robespierre. La Convention a été unanime pour son arrestation et sa mise hors de la loi. Les patriotes ne sont donc pas « les continuateurs de Robespierre ». Les Jacobins veulent que les patriotes ne soient pas opprimés et que l’aristocratie soit réduite à l’impuissance de nuire. Ils s’opposent à l’anéantissement du gouvernement révolutionnaire. On pousse à la dissolution des sociétés populaires mais la liberté est impérissable car 1 200 000 combattants sont armés pour la défendre. Il faut attendre de pied ferme l’aristocratie, avoir le calme du courage républicain.
- 13 septembre (JM n° 138)
Il demande tout d’abord que le rapporteur de la séance annonce que tous les certificats (concernant la nuit du 9 au 10 thermidor) ont bien été vérifiés et que les PV fassent mention du visa. Adopté
Presque en fin de séance, il présente des observations contre ceux qui veulent égarer l’opinion publique et l’inquiéter sur ce qui se passe à l’école de Mars et à Meudon. Le peuple doit repousser les inquiétudes données par les ennemis de la liberté. Il parle également des pamphlets dégoûtants qui font le procès de la révolution du 31 mai (arrestation des girondins). Leurs auteurs sont des dilapideurs infâmes qui n’osent pas accuser les patriotes de péculat. Il rappelle les victoires acquises depuis un an grâce aux représentants montagnards. Aujourd’hui on veut leur demander des comptes de la mort des ennemis de la liberté mais les patriotes sauront faire rendre des comptes du sang de plus de 50 000 patriotes versé par l’aristocratie. Il termine en invitant les Jacobins à se réunir contre leurs ennemis qui ne sont autres que ceux de la république.

- 24 septembre
(JM n° 149)
incite deux orateurs, Bassal et Gouly, à s’entendre, ils sont tous deux Jacobins. Ils doivent avoir « une conférence amicale »

- 12 octobre (JM n° 2)
présente une brève motion d’ordre sur l’impression de pièces relatives à un procès. Adopté.






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Faits reprochés à Carrier, avant sa mise en accusation

  Les faits reprochés à Carrier et ses réponses avant sa mise en accusation par la Convention Les faits reprochés sont les 82 accu...